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mercredi 16 novembre 2011

La croix du Golgotha Picnic

La question est toujours la même : ou doit s’arrêter la liberté d’expression. La récente ordonnance du tribunal administratif de Toulouse rejette la requête en référé de l’AGRIF pour l’interdiction du spectacle « Golgotha picnic » en s’appuyant justement sur la défense de la liberté d’expression.
Certains diront qu’il faut interdire l’expression qui provoque un vif sentiment d’agression même lorsque la limite, pas toujours très claire, de la loi n’est pas franchie avec des propos insultants, diffamatoires,  incitant au meurtre ou à la violence.
D’autres mettront en avant la liberté d’expression telle que l’a définie la jurisprudence de la cour européenne :
«La liberté d'expression vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent : ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l'esprit d'ouverture sans lesquels, il n'est pas de « société démocratique ». »



 Une société qui ne supporterait pas d’être choquée, blessée dans ses convictions serait à l’extrême condamnée à la paralysie et deviendrait totalitaire. On ne pourrait plus dire, par exemple, « Jésus est le fils de Dieu » un blasphème pour les musulmans ; nous percevons les dérives de cette pensée totalitaire lorsque certains points de vue sur l’homosexualité sont immédiatement taxés d’homophobie et donc de discrimination condamnable.

 Que dire de la violence du propos de Rodrigo Garcia ; « une crucifixion tragique et trash, [où] l’artiste démontre avec toutes ses armes que l’iconographie chrétienne est pour lui l’image même de la terreur et de la barbarie », le christ en croix est traité de « fou », de « chien de pyromane » et «messie du sida», de «putain de diable». C’est tout d’abord un triste témoignage de notre temps. Est-ce à l’égard des chrétiens une insulte, une incitation à la haine ? On peut le penser. Est-ce l’expression d’une relation douloureuse avec l’église ? C’est possible. L’art théâtral a provoqué de vives réactions au cours de son histoire, je pense au Tartuffe de Molière que l’on a voulu interdire en son temps. La provocation peut aussi avoir une part de vérité en bousculant nos habitudes « bien pensantes ». Jésus lui-même a provoqué en proclamant la vérité, je pense à ses propos envers les pharisiens « serpents, race de vipères » « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! » « Insensés et aveugles! »… Je ne dis pas que le propos de Rodrigo Garcia et de Jésus sont de même nature, loin de là, mais qu’à la source de ce geste théâtral violent, il peut y avoir une vérité que nous devons regarder en face.

Ces représentations du « Golgotha Picnic » remettent elles en question la foi des chrétiens, portent-elles atteinte à la liberté de conscience ? Certainement pas. Peuvent-elles avoir une influence dangereuse sur des spectateurs ? Néfaste sans doute, la dérision et la violence ne favorisent pas le vivre ensemble dans un dialogue paisible et constructif, mais je ne pense pas que cela soit comparable à l’incitation à la haine et à la violence explicitement contenue dans certaines chansons de hard rock ou de rap. Jésus est-il offensé par un tel spectacle ? Ne pensez-vous pas qu’il a bien d’autres sujets d’offenses visibles ou cachés !!! Et lorsqu’il a été insulté, frappé, cloué à la croix il a eu ces mots « Père pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Est-ce que l’église frappée, insultée, mise au pilori ne pourrait pas dire...

Mais je m’insurge contre le raisonnement sectaire et contradictoire des responsables culturels distribuant les subventions et établissant les programmations car la plupart d’entre eux vont s’opposer au financement et à la diffusion d’un spectacle faisant l’apologie du Christ sous prétexte d’une défense de la laïcité, sans aucune considération artistique, et ils sont à contrario les preux défenseurs de l’expression anti chrétienne. La laïcité ne doit pas être un épouvantail brandi pour censurer l’expression chrétienne et masquer un laïcisme et un anticléricalisme militant ; la laïcité doit être un espace de liberté pour tous.

La manifestation de la foi n’est pas réservée à la sphère privée et la liberté d’expression doit être partagée !

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